Comme annoncé précédemment, le CREPA organise un séminaire en collaboration avec l'Université de Genève. Durant une semaine (du 4 au 8 avril), onze étudiants master et bachelor vont séjouner à Sembrancher et travailler sur la problématique de la migration, en lien avec le sujet développé par le projet L'enfant à l'écoute de son village. Huit d'entre eux analyseront des archives mises à leur disposition par le Centre, les Archives cantonales, une administration communale, une congrégation religieuse et des particuliers. Trois étudiants travailleront sur l'histoire orale et iront questionner des témoins sélectionnés.

La documentation mise à disposition des étudiants apporte un élément historique à cette thématique qui veut étudier le parcours d'individus qui ont choisi, à un moment de leur vie et pour une raison qui leur est propre, de quitter leur terre natale pour venir s'installer chez nous. Ces fonds d'archives sont les suivants :

- Fonds Luder (Sembrancher - CREPA) - La famille Luder a exploité à la fin du XVIIIe siècle les mines de plomb argentifère du Mont Chemin et de nombreux documents montrent le développement de cette activité, notamment des listes d'employés venus des provinces italiennes, des journaliers et une importante correspondance commerciale.

- Fonds des Trappistes (Cure de Sembrancher - Congrégation du St-Bernard) - A la fin du XVIIIe siècle, la congrégation des Trappistes (Trappe, France) fuit Napoléon qui veut dissoudre les ordres religieux. Après un passage à la Valsainte (Fribourg), la congrégation arrive à Sembrancher et s'installe dans les barquements de la mine de plomb de Luder, qui a entretemps cessé toute exploitation. Le fonds comporte notamment une correspondance que l'ordre a entretenu avec le curé de Sembrancher. Quelques travaux sont sortis sur cette thématique, entre autres celui de M. Chappaz intitulé Les Trappistes en Valais (1893).

- Fonds Antoinette de Wolff-Simonetta (Martigny) - Le patronyme Simonetta, originaire du Nord de l'Italie (val d'Ossola), est attesté en Valais au début du XIXe siècle, lorsqu'un de ses membres, Jean, s'installe à Sion puis à Martigny où il tient un commerce de tissus. La famille entretient pendant de nombreuses années des liens étroits avec la patrie d'origine.

- Fonds Pierre-François Deléglise (Prarreyer - CREPA) - Ce personnage né en 1828 décidé de quitter la vallée de Bagnes pour le Nouveau Monde suite aux échauffourées qui ont vu s'affronter les partisans de la Vieille Suisse et de la Jeune Suisse. Il va entretenir une riche correspondance avec son oncle, prévôt du Grand-Saint-Bernard, et avec ses parents qui, une quinzaine d'années plus tard, décideront de faire le grand saut par-dessus l'Atlantique. Alfred Pellouchoud (Annales valaisannes, 1956) présente le parcours singulier de ce Bagnard aventurier.

Fonds Lenzinger (Sion - Archives cantonales) - Alexis Joris d'Orsières est un des meneurs des libéraux dans les années de trouble qui voient s'affronter les Jeunes et les Vieux Suisses au milieu du XIXe siècle. Il devra quitter momantanément le Valais et s'exiler dans le canton de Vaud et en France avant d'être rappelé par les siens pour la Bataille du Trient. Pendant toutes ces années, il entretient une correspondance avec ses sympathisants. Il finira ces jours en France. Une étude d'André Donnet (Annales valaisannes, 1970) présente ces années de jeunesse.

- Fonds Emigration (CREPA) - Différentes lettres d'émigrés appartenant à plusieurs fonds distincts racontent les liens entretenus par les migrants avec leurs familles restées au pays.

- Fonds Maurice-Eugène Gard (Le Martinet - CREPA) - Cette personnalité bagnarde jouera un rôle important dans la vie politique et économique de sa commune. Mais avant de devenir un des chefs de file du mouvement conservateur et le directeur de la fabrique de draps de Montagnier, il deviendra capitaine des armées du Pape et consignera ses mémoires de soldat dans des cahiers, encore restés vierges de toute analyse.

- Protocoles des séances du conseil communal (Finhaut) - Le développement du tourisme mais aussi la construction du barrage de Barberine drainent une nombreuse population étrangère dans la petite commune alpine de Finhaut. L'idée est d'analyser l'importance de cette migration sur la population résidente, ainsi que sur les infrastructures.

Les trois étudiants qui travaillent dans le domaine de l'histoire orale iront questionner plusieurs descendants d'émigrés étrangers, le plus souvent italiens, qui ont durant le XIXe ou au début du XXe siècle, quitté leur terre natale pour venir s'installer dans la région du Coude du Rhône et y jouer un rôle au niveau économique, social, voire politique. Il s'agit des patronymes suivants : les Torrione, les Conforti, les Uberti, les Bessero, les Latapie...